afficheAujourd’hui, j’ai échangé avec Julien ROMANO, auteur, metteur en scène et acteur de la pièce « l’ImpassE » (jouée en ce moment tous les mardis & mercredis soir au Théâtre Clavel.

Je lui ai posé 8 questions. Une manière d’en découvrir un peu plus sur l’acteur et sur son univers …

1- Bonjour Julien, pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous me parler de vous et de votre formation en tant qu’acteur ?

Bonjour

Je m’appelle Julien Romano, je suis comédien depuis 6 ans.

Je suis autodidacte. J’ai découvert le théâtre par hasard, grâce à une amie qui prenait des cours dans une école parisienne.

Je n’avais jamais pensé à faire cela de ma vie. En effet, toute ma vie a été consacrée au tennis, sport que j’ai pratiqué à haut niveau et ensuite en tant que coach.

C’est à l’âge de 28 ans quand j’ai décidé de tout arrêter pour faire autre chose de ma vie que j’ai découvert cette nouvelle passion.

Cette fameuse amie n’arrêtait pas de me dire qu’elle me verrait bien faire ce métier et moi j’ai dû l’envoyer balader pendant 6 mois, jusqu’au jour où elle est venue chez moi et ne m’a pas laissé le choix.

Je l’ai accompagnée à un de ses cours et ça a été le coup de foudre !

Ensuite j’ai pris quelques cours et je me suis lancé très vite car j’avais envie de jouer et non d’apprendre à jouer.

2- Vous avez créé en 2015 la compagnie de Théâtre « les Descendants ».  Que souhaitez-vous apporter de nouveau à travers la création de cette compagnie ?

Nous descendons tous de quelqu’un mais plus encore lorsque nous faisons un métier de représentation.

Tellement de gens ont marqué ce métier et leur époque.

Tellement de gens ont voulu changer le cours des choses en mettant en scène les maux de la société dans laquelle ils vivaient.

Tellement de gens se sont investis dans cette passion commune, que nous avons le devoir de leur rendre hommage.

J’ai toujours conçu l’art comme un fabuleux vecteur de communication et surtout comme le miroir de l’époque dans laquelle nous vivons.

Nous sommes les témoins de notre temps et nous, artistes, que nous soyons peintres, musiciens ou acteurs, nous nous devons de véhiculer des messages et aussi d’être les portes paroles de ceux qui n’ont pas les moyens de se faire entendre.

Nous devons aussi être les critiques et satires de la société dans laquelle nous vivons, afin de montrer aux gens ce qu’ils ne veulent ou peuvent pas voir.

C’est ce que faisaient en leur temps les Shakespeare ou Molière.

Le nom de ma compagnie vient de là.

J’ai cette volonté de rendre à cet art ses lettres de noblesse et qu’il redevienne ce qu’il était jadis ; c’est à dire proche du peuple, impliquant, tant au niveau de la mise en scène que des enjeux, et surtout qu’il dérange par les vérités qu’il montre.

A travers cette compagnie, nous souhaitons rappeler l’appartenance du théâtre au patrimoine historique humain.

3- Quelles ont été pour vous les principales sources d’inspiration lors de l’écriture de la pièce « l’Impasse » ?

Quand j’ai commencé à écrire cette pièce, je savais ce que je voulais dire et ce que je voulais faire passer comme message.

Je voulais que les gens soient pleinement impliqués, immergés et en même temps troublés par ce qu’ils verraient.

J’avais la volonté d’offrir quelque chose que l’on n’aurait encore jamais vu au théâtre.

Cela peut paraître prétentieux mais je ne vois pas l’intérêt de faire quelque chose qui existe déjà.

Mes films références sont les premiers Scorsese, les films de Sydney Lumet qui ont une ambiance très « underground », très violente car très réaliste et marquée par la vie.

Dans chacun de leurs films, on retrouve toujours des héros qui sont des anti-héros, profondément tourmentés et qui sont des écorchés vifs.

4- La pièce est très intense du début jusqu’à la fin (tant sur le plan physique que verbal) et représente une véritable performance d’acteurs. A t’il été difficile de convaincre vos partenaires de jeu de participer à ce projet artistique ?

Non. Par chance non.

C’est toujours délicat de proposer une création à quelqu’un. Surtout quand on n’est personne.

Mais j’ai eu la chance de rencontrer deux très bons comédiens en plus d’être des personnes extraordinaires.

Nous avons beaucoup discuté des idées que j’avais, comment je voulais et voyais les choses concernant chaque personnage et ils ont tout de suite adhéré.

5- Les personnages sont issus d’un univers social difficile, emprunt de violence et de drames personnels. Est-ce un univers que vous avez déjà eu l’occasion d’exploiter dans votre travail, et comment faites-vous pour travailler un rôle aussi fort ?

Quand on travaille un rôle, c’est généralement un long processus de recherche.

On passe par beaucoup d’étapes différentes.

Je savais à quoi devait ressembler mon personnage car je l’ai écrit mais ça m’a pris du temps pour que la greffe prenne.

C’est comme si on se tournait autour sans se trouver.

Et puis tout d’un coup, on se rencontre et là, c’est magique car les barrières tombent et les connexions se font.

Il y a des choses qui ne s’expliquent pas je pense quand on travaille un rôle.

On peut se poser beaucoup de questions, ne pas savoir où aller et tout d’un coup tout devient clair et on est en parfaite harmonie avec son personnage, son passé, ses expériences, ses émotions et on devient lui tout simplement.

Cela nécessite beaucoup de travail en amont mais j’adore cette phase de recherche.

6 – De manière plus générale, quels sont les comédiens / acteurs (célèbres ou non) qui vous inspirent le plus ?

J’ai deux références qui sont pour moi les maîtres, à savoir Al Pacino et Robert De Niro.

Après j’aime beaucoup aussi Marlon Brando ou des actrices comme Kate Blanchet.

Tous ces acteurs américains sont une formidable source d’inspiration.

La manière dont ils sont capables de se transformer ou de travailler autour d’un rôle est tout simplement prodigieuse.

7 – Quels sont vos pièces et films préférés ?

C’est une question très compliquée.

J’adore les films et les pièces de théâtre. C’est très rare pour moi de ne pas aimer quelque chose en rapport avec mon métier, donc j’en ai beaucoup.

Il y a de très grands classiques comme « Le parrain », « Scarface », « Il était une fois en Amérique », « Sur les quais »…

Mais si je devais n’en choisir que trois, il y aurait : « Le temps d’un week-end », «Raging Bull » et « The Fountain ».

Concernant les pièces de théâtre, c’est beaucoup plus dur.

Car chacune des pièces de nos grands auteurs représentent un énorme challenge au vu de leur histoire et des grands noms qui sont passés avant nous…

Mais disons que si j’avais un rêve ce serait de jouer Macbeth ou Jules César de Shakespeare.

J’aime la profondeur et la complexité de ces personnages qui sont à la fois très sombre, fort mais également tellement fragile.

8- Quel est le rôle joué par le théâtre et ses apports pour notre société moderne ?

Tout art est politique et tout artiste a quelque chose à dire sinon il ferait des souliers.

C’est une phrase que j’ai entendu dans un film que j’adore et que je me permets de reprendre avec vous car je la trouve profondément vraie.

Tout est dit dans cette phrase.

L’artiste a un devoir et ce n’est pas celui d’amuser ou de divertir. C’est trop facile.

C’est tellement simple de faire cela et de renvoyer les gens à leur vie après les avoir détendu pendant une heure sans rien leur avoir vraiment apporté.

Notre devoir, si je peux m’inclure dedans, est de faire vivre quelque chose aux gens qui viennent nous voir.

Cela sous entend, de les marquer, de les toucher donc de les surprendre.

De les surprendre par le fait de toucher en eux quelque chose qu’ils cachent, ou qu’ils ne voient pas.

Et il ne faut pas oublier que les gens payent pour venir voir un spectacle.

C’est aussi pour cela que je refuse de leur montrer quelque chose de moyen et surtout de les laisser repartir comme ils sont venus.

Quand ils arrivent au théâtre, ils sont comme dirait « vierge ». Il faut que quand ils ressortent de la salle, qu’ils soient imprégnés de ce qu’ils ont vu.

Si le théâtre redevient populaire et qu’il attire autant de gens, c’est qu’il est l’essence même du ressenti et des émotions.

Le théâtre a une authenticité que rien ne pourra lui enlever car « il est l’instant du comédien ».

Quelque soit le texte, il ne repose que sur les comédiens.

Il n’est ni pollué par la médiatisation, ni truqué par des effets spéciaux.