Edité par L’Archipel et paru en mai 2018, ce roman autobiographique nous a touchées.

L’auteur dépeint avec sensibilité, humour et réalisme les émois de l’enfance.

Le héros du roman, nommé le « Petit », appartient à un milieu populaire. Son père, autrefois gérant d’une pharmacie à Casablanca, a dû quitter le Maroc, car il était devenu l’amant de la femme du propriétaire de la pharmacie. C’est ainsi qu’il s’est installé dans le sud de la France avec son épouse, et trois de leur douzaine d’enfants, dont quatre sont morts. Les plus grands « se sont empressés d’aller faire leur vie ailleurs. »

Ce père est un buveur invétéré qui bat son épouse. Celle-ci est la femme de ménage d’un couple de bourgeois, les Pozzi. Madame Pozzi accueille le « Petit » tous les jeudis pour un goûter pantagruélique, ce qui représente pour lui l’unique occasion de manger à sa faim, mais aussi l’humiliation d’y retrouver sa mère au service des autres. La honte est un sentiment qui poursuit l’enfant à travers ses tenues vestimentaires, la bâtisse sans confort où il réside avec trois autres familles, et surtout l’alcoolisme de son « géniteur ».

Pourtant, quelques sources de joie agrémentent la vie de l’enfant : ses rencontres avec Vivi, une petite voisine délurée, et le retour pour les vacances de son grand frère Guy. Celui-ci, parti en Indochine pendant la guerre, est resté à Saïgon où il a trouvé un emploi bien payé. Guy est perçu par l’enfant comme un héros, un aventurier qui le fait rêver et qui comble la famille de somptueux cadeaux à chaque fois qu’il revient en France. Guy est le substitut du père qu’il aurait aimé avoir.

Les études permettront au « Petit » de devenir journaliste, grâce à une grande sœur qui l’hébergera à Paris.

Le récit, inspiré de souvenirs de l’auteur, emporte le lecteur dans le cheminement de l’enfant vers l’adolescence, lui fait partager ses joies et ses peines sans jamais sombrer dans le misérabilisme.

A propos de l’auteur :

Réalisateur de documentaires et de téléfilms, Claude Couderc s’est toujours passionné pour les problèmes de société liés aux enfants. Il a écrit 25 ouvrages, dont Le Mal d’enfance (Fixot, 1990), C’est sûr, la vie sera belle (Robert Laffont, 1994), Les Années violence (Robert Laffont, 2007) ou Tom, l’enfant rebelle (L’Archipel, 2017)

Officier des Arts et des Lettres, il réside entre la région parisienne et le Finistère Sud, où il anime les cafés littéraires du Pouldu.

Informations pratiques :

Un goût d’enfance de Claude Couderc, éditions l’Archipel, en librairie depuis le 30 mai 2018 .                                  

208 pages – 18 euros